Après seulement un an d’activité, la S.P.A.M. envisage d’ouvrir cinq autres centres en France pour répondre aux abandons de Mâles en augmentation.
L’année dernière, dans la banlieue Est de Toulouse, sur la commune de Balma a été fondée la Société Protectrice des Animaux Mâles : un refuge géré par les bénévoles Yvette Boulok et Sandra Tourner. Les deux femmes, à la retraite depuis dix ans, ont consacré leur vie au sauvetage de Mâles. « J’ai adopté Marc, Jean-Claude et Philippe, au début des années 2000. Puis les bouleversements des dernières années m’ont poussé à déménager dans un plus grand espace pour faire de la place à Kévin, Youness et Aymeric » confie Sandra Tourner. L’ex-gardienne de prison explique ces rencontres : « Personne. Il n’y avait personne à leur sortie du trou, alors ils sont venus gratter à ma porte. Ça me déchirait le cœur. Je n’ai pas pu résister et je leur ai fait de la place ».
Un programme de reconditionnement
Avec l’aide de son amie Yvette Boulok, à l’époque infirmière dans un EHPAD, Sandra Tourner est parvenue à développer une méthode de dressage efficace. Ainsi, les Mâles violents se sont vite assagis. Et c’est comme cela qu’a commencé à germer l’idée d’un refuge. « On s’est dit qu’il y avait des milliers de Mâles inadaptés comme eux qui avaient juste besoin d’amour et de discipline pour devenir des compagnons fidèles ». Après le confinement, les deux femmes ont constaté une recrudescence des abandons de Mâles et la montée de discours discriminants envers leur espèce, « C’était le moment ! Il fallait agir ! ». Elles ont lancé des campagnes de fonds et cherché un terrain adapté, « Il nous a fallu trois ans pour que notre rêve devienne réalité ! », se souvient Sandra.
Un investissement financier important !
Aujourd’hui, après un an d’activité la S.P.A.M est fière de ces résultats : 238 Mâles accueillis et déjà 46 adoptions. « On veut faire plus, mais on a besoin d’argent pour le fonctionnement du refuge. ». Afin de réduire les coûts, les Mâles sont passés à un régime végétarien, « Et les résultats sont très positifs, mais le sevrage doit se faire en douceur. », insiste Yvette Boulok. « Pendant les deux premiers mois la viande rouge doit être progressivement retirée de leur alimentation. Si on le fait d’un coup, ce serait une catastrophe ! ». Il faut également prendre en compte l’usure des punching-balls et des poupées gonflables qu’il convient de remplacer tous les trois mois. « Cela fait partie de la phase 1 d’adaptation au lieu ; il faut les mettre en confiance et les laisser exprimer leur colère et leurs pulsions avant de passer à la phase 2 : la castration ». Les phases suivantes entrainent à leur tour des coûts particulièrement excessifs : « Afin de les habituer à la douceur et leur apprendre à se lover, leur environnement est transformé : matelas Tout Confort et oreiller à mémoire de forme. ». C’est quand ils parviennent à la salle 4 que les Mâles sont enfin prêts à être adoptés et que les visites peuvent avoir lieu.
Une nouvelle vie !
Et la salle 4 fait des émois : Anna Privietski, visiteuse du refuge, a immédiatement été attendrie : « Ils sont tellement mignons que je reviens pour en adopter un deuxième ! ». La jeune femme de 32 ans est la première à avoir adopté un Mâle de la S.P.A.M. Ce qui lui a plu, c’est que le refuge était en mesure de lui fournir un carnet de santé précis : « Au moins on sait où on met les pieds ! ». Elle a aussi dû signer une charte d’adoption l’engageant à des responsabilités : « Une adoption n’est pas un acte anodin ! On ne veut pas retrouver nos Mâles sur le bord de la route, c’est pourquoi on s’entretient au préalable avec les familles ou les particuliers afin de jauger leur sérieux ! », précise Sandra Tourner. L’implication d’Anna Privietski ne fait aucun doute et elle souhaite investir dans un second Mâle de compagnie : « Je suis tellement heureuse avec Charly que je l’emmène partout avec moi. Il sent bon, il est tendre et poli, mais je pense qu’il a besoin d’un copain et puis, j’ai Frank qui me fait de l’œil, là-bas au fond. Il a une chevelure tellement sauvage que je rêve de passer mes ongles dans sa crinière. ».
La S.P.A.M se déploie au niveau national !
Grâce à un programme efficace, la S.P.A.M. vient d’obtenir sa validation d’activité d’intérêt général et espère au bout de trois années être enregistrée comme association d’utilité publique. Déjà plus de cinq communes les ont sollicitées pour la création de relais de la S.P.A.M., « Il y a beaucoup de Mâles enragés dans le centre-ville et on ne s’est plus quoi en faire ! », s’inquiète Roger Dupont, maire de Bafville. « Une telle association doit se déployer sur l’ensemble du territoire national pour répondre aux urgences sociales », complète-t-il. Fin 2024, sa commune ainsi que celles de Bèzieux, Coillac, Villecuite et Janbus accueilleront le programme de la S.P.A.M. « Aujourd’hui, avec la recrudescence des abandons, on ne peut plus lutter seules ! On a besoin de nouveaux bénévoles et de communes prêts à s’investir dans les nouveaux centres ! », lancent Yvette Boulok et Sandra Tourner sur le site de leur association (spamâle.fr). Un appel au don et à l’engagement citoyen est lancé pour le sauvetage des Mâles et une attention toute particulière sera portée pour les cas les plus en danger.
Un espoir pour l’avenir !
Le lendemain d’un reportage sur France 3 Occitanie parlant de leur activité, Yvette Boulok et Sandra Tourner ont eu une drôle de surprise : « Une quinzaine de Mâles blancs de plus de 50 ans sont venus se réfugier chez nous ! », raconte très émue Sandra. « Ils ont migré d’eux-mêmes, persuadés que le refuge était leur seul moyen de survie aujourd’hui ! ». Un appel au secours qu’Yvette et Sandra ne peuvent ignorer ! Elles lancent ainsi leur nouvelle campagne avec le slogan : « Si vous aussi vous croyez qu’un futur est possible pour les Mâles, n’attendez plus et rejoignez l’équipe de la S.P.A.M : aidez-les à s’adapter, aidez-les à être adoptés ! ».